Giclée

Les bras chargés de dossiers semi-pertinents, je longe l’un des nombreux corridors bétonnés de cet édifice. Je regarde devant, mais j’entends derrière. Le son de son pas que j’ai, oui-je-le-sais, mémorisé et son parfum ambré qui me touche directement dans mon fond…

(Charles) Des jeans !

Un allo, ça ne lui tentait pas ?

(C) En plein mardi, miss Quinn.

Est-il à ce point conventionnel ? Fait-il partie de ces gens qui croient comme on croit à la mort que le port du jeans est un privilège sacré du vendredi, à moins qu’il ne soit plutôt en train de me mater. Humblement (#not), j’avoue que mon corps ressort assez bien dans ce skinny bleu foncé, mes jambes paraissent infinies et mes fesses forment un cœur appétissant.

Je ne prends même pas la peine de me retourner pour en juger par son expression faciale. Sa petite gueule et lui n’ont nul besoin de moi pour se faire bercer d’attention.

(Alexine) Et il me va bien ce jeans M. Arseneault ?!

Comme s’il ne s’attendait pas à ce que je réplique, il reste silencieux. Je lève la main en l’air dans un signe de paix (j’ai 14 ans) et je poursuis mon chemin.

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Reproduire le même geste indéfiniment sur un tapis qui retient les mouvements, payer pour courir, sans jamais ne rien atteindre, se défoncer sans avancer… Reste que j’aime bien venir ici, ne serait-ce que pour observer autour. Entourée de cravatés, d’intellos et de têtes de bureau qui d’un coup ne valent pas plus cher que leur voisin. Sans leurs beaux habits et le dos dégoulinant de sueur du midi, ils sont tous les mêmes, prouvant une fois de plus que leur seule personnalité réside dans l’apparence d’un vide statut professionnel. Soit on vit pour se conformer, soit on vit pour exister. Et eux, ils s’enchainent les uns aux autres dans ce qu’ils doivent faire, sans jamais prendre le temps de se remettre en question, ils ne cultivent pas ce qu’ils sont, ils entretiennent simplement le avoir-l’air : une masse d’humains prévisible et ennuyeuse.

Devant moi, il y’a une femme qui vient régulièrement. Une pointe marginale, elle a sans doute la quarantaine, avancée, du moins je crois à son air, mais son corps vif ne trahis pas son âge, elle est magnifique. Elle porte comme souvent un pantalon de yoga noir tout à fait moulant. Pas très grande, ses jambes sont musclées et bien découpées. Le tissu de son legging lui fait office de seconde peau, dévoilant invisiblement chaque courbe. Son fessier est étroit et plein, rebondi juste assez pour que mon esprit déluré ait envie de l’écarter. Je la détaille dans mes pensées en alignant un pied devant l’autre. À répétition, j’avance sur place, comme tous les autres.

Je m’installe sur le matelas au sol et je m’active. Rien de trop intense, tout juste assez pour libérer ma conscience. Elle vient s’installer près de moi. Elle se penche, aligne ses hanches étroites et contracte son fessier bombé avant de se relever et d’alterner. Je l’observe bouger, j’étudie chaque mouvement de sa chair sous son pantalon de lycra, avant de réaliser ce que je fais. Embarrassée, je me retourne sur le ventre et entame une série de planches. Très vite, elle s’installe sur le côté, de dos à moi, pour faire quelques levées de jambes latérales. Encore ses fesses rondes directement dans mon champ de vision. Ça ne m’en prend pas plus pour éclater mon imagination et me mettre à fantasmer.

(Gaëlle) J’ai fini Lexie. Je monte à la douche.

(A) Je te rejoins, me manque juste une série.

(G) Ouais… ! Je ferais pareil être à ta place.

La douche est chaude et fait du bien. J’y resterai bien plus longtemps, laissant la température dénouer mes tensions et l’eau caresser ma peau, mais j’ai pris du retard sur Gaëlle, alors je me nettoie en vitesse. Je tourne le coin vers le vestiaire en tenant ma serviette du mieux que je le peux.  J’échappe mon gel douche. Il glisse au sol. La femme était derrière moi, bien évidemment, et le ramasse au sol.

(Femme) Tiens ma belle.

Libérée et à l’aise, elle ne se couvre même pas. Son corps est encore plus ferme que je ne l’imaginais, sa peau est lise et ses seins sont naturellement hauts et seyants.

Fuck! Je pense que je bave. Ma vie c’est du bonbon : un perpétuel film d’ado, bourré de scènes pornos. J’enfile ma culotte et mon jeans bleu en m’imaginant le tour que prendrait ses hanches sur un coup de ma langue.

Obstinément rêveuse, je termine l’après-midi la face dans la paperasse et la tête dans la musique. Le dernier album de Haux adoucit le temps qui tique lentement. Les yeux rivés sur l’écran sans trop travailler, je classe les courriels de la journée, quand je vois apparaitre une notification de rendez-vous.

De: Charles Arseneault
Objet : Suivi
Lieu : Mon bureau
heure : 17 h 15

La vague part de mes pieds pour remonter la colonne jusqu’à mon cou, un frisson qui irise chaque poils un à un. Je ne sais plus si c’est chaud ou froid en dedans, mais c’est vivant. Il est 17 h. J’ouvre la convocation : vide. Il n’y a rien de plus.

Depuis qu’il m’a laissé devant La Taverne la bouche entrouverte, sa salive fondue dans la mienne, et le sang dansant dans chacune de mes veines, il n’a pas cessé de me tourner autour, sans jamais l’assumer. Il me frôle, me fait relever la tête, attire mon attention de bien des façons, il fait tout sauf habiter ses couilles. J’ai l’égo pincé, mais l’excitation est plus forte que l’angoisse.

Accepter et envoyer
la réponse maintenant.

Il est 17 h 14.

Nerveuse, je prends une grande avalée et je cogne doucement à la porte de son bureau qui est entrouverte, trop doucement, il ne lève même pas la tête. Fuck ! Je vais peut-être mourir !

(A) Est-ce que je peux entrer ?

Il se lève et contourne son bureau pour se diriger vers moi, souriant, chaleureux, l’air heureux. J’entre et il referme aussitôt la porte derrière moi.

(C) Je verrouille la porte Alexine, mais tu as la liberté de l’ouvrir et de quitter à tout moment.

(A) Noté.

Je me déplace et tire une chaise pour m’y assoir. S’il veut une rencontre formelle, alors elle le sera.

(A) Vous me convoquiez pour un suivi, M. Arseneault?

Il me sourit, puis s’affale sur le dossier de la chaise aux côtés de la mienne.

(C) Absolument.

Il me regarde dans les yeux sans aucune gêne.

(C) Il y a un certain dossier qui est resté en suspens.

Je sens mon pouls battre son existence, j’ai le frisson intérieur et j’essaie de dissimuler tout ça, au lieu de me laisser porter par cette vague d’instinct.

(A) Le dossier de mon jeans ?!

(C) Excuse moi, je ne t’ai pas vexé avec ça j’espère ?

(A) J’ai la peau plus dure que cela.

Aucune once de stress ne dessine son visage. Il a plein contrôle sur lui et sur la situation. Encore.

(C) En fait, je voulais plutôt parler du moment qu’on a partagé sur Grande Allée.

Je ne dis rien, je ne bouge pas, je ne souris même pas. J’attends, attentivement, pendue quelque part entre mes appréhensions et ses lèvres.

(C) J’ai été un peu distant depuis. Je suis pourtant intéressé, sache-le. Tu habites mon imaginaire depuis longtemps déjà, mais je suis gestionnaire ici…

(A) Oui.

(C) Et toi aussi tu travailles ici, ce qui nous met dans une position sensible, où la discrétion prime.  C’est un peu difficile pour moi de faire les premiers gestes. Tu comprends ce que je veux dire ?

Je me lève pour lui faire face.

(A) Je comprends.

(C) Mais je ne suis pas directement ton supérieur.

Je m’avance d’un pas.

(A) En effet.

(C) Nous n’avons aucun lien hiérarchique.

J’avance de nouveau. Je suis si près que son souffle se casse sur le mien.

(A) Et si le premier geste ne venait pas de toi?

Il sourit, ce qui rend ses yeux gris encore plus petits.

(C) Je crois que ça irait.

Je pose mes mains sur sa poitrine.

(C) En fait, ça me plairait.

Je les laisse bouger sans les contrôler, sans trop penser. Ma peau touche chaque pli de sa chemise sous son veston.

(A) J’ai fait le premier geste.

Il retire son veston et le lance sans y prêter attention. Ses pupilles dilatées dévoilent sa soif viscérale qu’il voudrait muette depuis quelques semaines déjà. Je le regarde et j’ai chaud. Il roule les manches de sa chemise blanche sur ses avant-bras, l’air de dire je suis prête à me salir maintenant. En un instant, tout est allumé en dedans. Les tisons abandonnés des semaines passées reprennent feu. Je me sens vivante. Cette sensation de brulure qui cause le manque à chaque absence. J’en suis dépendante.

Il revient vers moi et dégage les cheveux qui couvrent mon épaule. Son souffle lascif sur ma peau fait écho jusque dans le bas fond de mon fond. Je trouve sa bouche et aspire sa lèvre inférieure avant de prendre un recul en souriant. Il me reprend et m’embrasse. En fait non, il me french fougueusement, il me déguste, il me bouffe de toute son envie. Je sens son désir m’envahir, m’emplir le corps et caresser mon égo. Sa salive est délicieuse, ses lèvres et sa langue me possèdent et je suis prête à lui donner tout ce qu’il voudra prendre.

(C) Ça aussi ça me plait !

Il tire sur mon chandail que je ne fais pas prier pour balancer. Je déboutonne sa chemise aussi vite que le feu me consume en dedans. Mon cœur palpite, il s’excite, il hurle ses battements. Je voudrais me fondre à son corps.

La chemise déconcrissée, le désir qui perle les pores de sa peau et l’illusion de pouvoir qui lui pends toujours au cou, il m’excite. Salement. Je veux le voir se salir. Je veux le sentir me prendre sur son bureau et envoyer valser, sur un cou de bassin déchainé, ce paquet de papiers empilés de fonctionnaires mal baisés. Il enveloppe mes seins de ses deux mains chaudes. Il pétrit ma chaire entre ses doigts d’homme. Il pince et lèche mes mamelons à m’en rendre folle. Son pantalon propre bien placé de cravaté est bombé par son membre gonflé. Je le dégrafe et enfonce ma main pour le sentir à moi, mais il reprend mon élan.  Il me retourne et extirpe mon cul de mon jeans.

(C) Ton petit cul moulé… Je n’ai pas eu ma tête de la journée à cause de toi !

Il se laisse franchement tomber à genoux derrière moi. Il est au sol, contemplant mes fesses. Je me sens sur un piédestal, ma zone de confort : l’exhibition. J’étais excitée physiquement et allumée mentalement : j’avais envie de me faire baiser par M. le directeur sur le coin du bureau, mais là… Il vient de m’incendier et j’adore me sentir bruler vive.

Je cambre le dos, je ressors les fesses à sa vue, je grimpe sur la pointe de mes pieds et je danse comme si une musique imaginaire me portait le rythme. Je veux le rendre fou, je veux l’allumer au point qu’il ne se contienne plus, je veux le voir se branler pour se libérer, incapable de gérer son envie. Il dégage le string d’entre mes fesses grouillantes et y fourre sa langue en même temps qu’il enfonce deux doigts dans ma chatte sans m’avertir. Je crie entre mes lèvres fermées pour étouffer mon éclat de voix. Sa langue flatte ma peau avec tellement d’appétit que ma mouille dégouline sur ses doigts qui s’enfonce à répétition dans mon fond. Je tortille mon excitation sur lui. Je gémis mon envie et je m’affale sur le bureau devant moi.

Il sort sa verge bandée de son pantalon, la tiens d’une main pour la guider dans ma fente frétillante. Au fond, tout au fond, il me la donne, me partage ce qu’il a et que je n’ai pas. Il m’accote et bouge de gauche à droite, en cercle, tout juste sur le bon point. Puis, il me cogne, me claque et me ramasse à répétitions. Mon mont se fracasse sur les rebords de son bureau brun fade. Je remonte un peu mes hanches pour sentir mon clitoris s’y frotter sur chaque bardée. Putain que c’est bon ! Je serre de mon mieux mon vagin sur sa queue. Elle est énorme. Sa main agrippe mes cheveux avec le même niveau de force que d’envie qui l’habite. J’ai chaud. Je suis excitée. Ma tête bascule vers l’arrière et je ne peux plus retenir mes cris. Il couvre ma bouche de sa main. Elle sent le sexe, elle goute mon jus, je n’en peux plus et je me laisse aller à un orgasme qui se répand tout en chaleur partout dans mon bassin. Mon corps mouille le sien en un petit jet fort et libérateur.

Il se retire et je me retourne pour lui faire face. Il passe sa main sur sa queue comme pour l’essorer et en recueillir nos fluides. Il lèche sa main pour en boire chaque goutte. Je m’agenouille à ses pieds et je m’enfonce le visage dans ses couilles. Elles sont pleines, débordantes de son sperme. Je le veux. Je veux le voir. Je veux le gagner. Je veux le faire gicler.

(A) Branle-toi pour moi !

Il fait toujours face au bureau et je me positionne pour voir sa main aller et venir sur son pénis droit. Je bouffe ses couilles, je lèche chaque parcelle de peau qu’il me laisse toucher. Il grogne, il gémit à son tour. J’ajoute une main à ma bouche et je serre doucement son sac pendant qu’il m’exhibe sa masturbation.

(C) Alexiinnnneee, bébé, c’est bon ce que tu me fais… !

Je le sens tout près, je pose deux doigts entre son anus et ses couilles et je le masse très fort. Il vient sur cet instant, éclatant son orgasme dans une puissante giclée de sperme. La bouche toujours sur ses bosses, je sens chaque spasme extraire sa semence par jet pour la lancer sur son bureau. Ses dossiers sont souillés, détrempés de ce qu’il y a de plus humain, de plus vrai et de plus animal en lui. Il est là debout, la cravate toujours au cou, le pantalon convenu aux chevilles, libéré de tout ce qu’il tente chaque jour de contrôler : sa réelle essence.


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