Moral

Ma chambre illuminée par le soleil du matin, les yeux clos et l’esprit encore vapeur, je me réveille doucement en profitant de mon état de demi-conscience, cette fine ligne entre les rêves et la réalité. Je repense à ma soirée de la vieille : à Charles et à ses yeux gris, à mon désir luttant mon empressement, à sa bouche sur ma peau et à ses doigts dans mon corpsmes rêvasseries prennent vie en mon esprit, dessinant sous mes yeux fermés l’image de mes pensées. Une vague d’émotions et de sensations qui me donne l’illusion de sa main chaude sur le bas de mon dos. Je m’échappe encore quelques minutes dans mon imagination avant de reprendre contact avec la réalité. J’ouvre finalement les yeux, prête à quitter mon lit pour la routine.

Oh my god, il encore là! Pourquoi n’est-il pas parti? Comment aie-je pu le laisser dormir ici? Putain! J’étais si saoule? Mais non, on a pris qu’une seule bouteille. Ok, ok… pas de panique, je respire. Je me retourne doucement pour me libérer de sa main affectueuse. Elle retombe sur le matelas, ce qui heureusement ne le réveille pas. Toujours bien endormi, il a la face de fond de barbe à demie enfouie dans l’oreiller et la respiration profonde, il est beau, salement mignon même. Je n’ai pas l’habitude de partager mon lit et encore moins mon sommeil, je ne sais pas ce qui s’est passé, mais je ne peux résister à l’observer quelques secondes de plus. Il a l’air bien et serein. Lui qui a l’habitude de parler sans cesse, de bouger énergiquement et de chercher à gagner mes yeux, là il est docile, calme et complètement à ma merci. J’aurais envie de poser ma bouche sur sa clavicule, de toucher son épaule qui sort des draps, d’y gratter mes dents et de le barbouillé de ma salive. J’aimerais le goutter de nouveau, mais je n’ai aucune envie de partager un bon matin, bien dormi avec lui. Complètement nue, je marche jusqu’à la salle de bain pour me plonger sous la douche, en me disant qu’avec un peu de chance l’eau qui coule le réveillera et qu’il se poussera chez lui avec un texto de gars désolé.

Je laisse l’eau couler sur mon corps, j’adore cette sensation, je me sens nettoyée et absolue de mon anxiété. Forte, pure et protectrice, je passerais ma vie sous l’eau. Le bassin encore mou de la veille, j’en ai déjà oublié ma panique du réveil. Je tourne mon visage vers l’eau, la bouche ouverte, le liquide tourbillonne de ma langue à mon palais et je me laisse aller à cette sensation, repensant à son sperme délicieux qui a pris la même vague hier soir. Ma faiblesse, mon vice, ma récompense, clairement c’est la meilleure gorgée que j’ai prise en bouche de ma vie. C’était bon.

Je reviens à ma chambre pour le trouver à nouveau plonger dans mon univers. Je l’observe en silence. Tu n’as rien à faire ici toi, mais tu es beau d’être là. Je m’habille sans discrétion en espérant que le claquement des tiroirs le sortira de ses rêves. Une jupe crayon classique moulante sur mes hanches, un t-shirt ample pour y perdre mes formes, je passe un bandeau vert en tissus perlé dans mes cheveux bourgognes, il dort toujours et je n’ai plus le choix. Je m’avance vers le lit et je m’assois sur la partie restante. Je pose ma main sur la couette et le découvre complètement. Sa hanche tournée vers le matelas, sa fesse exposée, je glisse ma main sur sa cuisse et la remonte sur sa fesse puis vers le bas de son dos, je monte, je redescends, je le caresse doucement. Réveille-toi! Sa peau est douce et chaude. Ou pas finalement! Je peux le caresser et l’observer à satisfaction sans prendre peur de l’interprétation qu’il fera de mes intentions. Il se retourne sur le dos. Il ouvre légèrement les yeux, mais souris abondamment. 

(Charles) Bon matin!

Fuck. Je vais peut-être craquer et l’embrasser finalement. Je pose ma main sur son torse bouillant, je la dirige sur sa poitrine pour sentir sa vie cogner contre moi. Son coeur se contracte à intervalles régulières, son sang pulse et se répand, son existence résonne sur moi et me fait plaisir à ressentir. La sensation m’apaise aussi bien qu’elle me fait sentir vivante, comblant invisiblement le trou noir en dedans.

(C) J’aimerais te faire l’amour encore, mais la lumière ici me dit qu’on court déjà après notre temps. N’est-ce pas?

(Alexine) Il est 7 h 50.

Il s’assoit et viens poser sa tête sur mon épaule.

(C) Merci pour hier. Tu es parfaite pour moi. J’aime ma vie.

(A) Eh je… ce n’est rien.

Ne sachant ni trop quoi faire ni trop quoi dire, je fuis toute conversation.

(A) Je n’ai pas de café ici. Je suis désolé.

(C) La ville en déborde. Je m’habille.

On s’installe dans son auto. Elle sent lui. C’est son odeur et son parfum. Je me sens bien. Une main sur le volant, la seconde sur ma cuisse, il prend la route, pour le peu qui nous sépare du bureau. Son geste n’a rien de sexuel, d’ailleurs il ne cherche même pas à remonter ma jupe pour frôler ma peau. Il ouvre Spotify et me donne le contrôle.

(C) Mets ta musique, je veux rester dans ta vibe encore un peu.

Je choisis le dernier EP de Haux que j’adore et le premier morceau caresse notre silence jusqu’au Starbucks coin René-Lévesque et Cartier. Il se prend un grand format pour emporter et moi un croissant aux amandes, question de reprendre toutes les calories brûlées la vieille. Il m’offre de me déposer au bureau avant de passer chez lui pour se changer, mais j’insiste pour marcher. Les écouteurs dans les oreilles, je reprends la vibe que j’avais laissée dans son auto et je marche la fin du trajet en repensant à ses mots. Tu es parfaite pour moi

La journée avance lentement, mais j’ai le sourire au coin des lèvres. Mon petit mou de jambe est tout à fait évident et Maxime ne manque pas de me le faire remarquer. Gaëlle étant absente pour la journée, je me finis par céder et je me confies à ma copine en dînant.

(A) Je ne veux simplement pas qu’on mêle les choses. Je ne comprends pas ses intentions. Il m’a dit ce matin : Tu es parfaite pour moi… Qu’est ce qu’il a voulu dire!?

(Maxime) Que tu goutte le miel ma belle! Mmm si tu savais.

(A) Niaise-moi.

(M) Je ne sais pas. J’ai envie de te dire n’essaie pas de clarifier les choses, laisse couler. Mais garde le sur la voie du sexe déluré et ne le laisse pas traverser du côté de la romance.

Un peu plus tard en après-midi elle m’envoi (non, elle me harcèle) avec une série de GIFs que je déteste tous plus les uns que les autres. Quelle invention ridicule!

(A) Arrête ou je vais te taper dans ton cubicule.

(Maxime) Je t’aime aussi. Retourne le baiser dans son bureau où je t’en envoie une centaine de plus. Je ne suis pas prête à être fille d’honneur, reste sur le droit chemin de la queue bandée.

Alors je lui écrit.

(A) Si je ne me trompe pas ton adjointe est absente. Peut-être qu’on serait dû pour un petit suivi de rencontre nous deux…

(C) Imprudente. Viens t’en.

Évidemment qu’il a raison, c’est une mauvaise décision. Surtout qu’il n’est pas très tard, mais ça me donne chaud en dedans, cette idée de jouer au maître du jeu, de tenir entre mes mains les limites, les miennes, mais surtout les siens. Rapidement, je me retrouve dans son bureau. Nerveux, il parle sans arrêt. Ses yeux me parcours de la tête au pieds, comme s’il ne m’avait pas vu de la journée. Il observe, mais il ne s’approche pas. Je n’ai aucune envie de l’entendre me parler de ses dossiers, des collègues ou de quoi que ce soit dans l’immédiat. Je l’interromps, ma bouche dans sa bouche. Ses lèvres se mêlent aux miennes, il embrasse bien, chaque fois comme si nos deux corps en avaient l’habitude. Ses mains se posent de chaque cotés de mon visage. Les sensations se répandent déjà dans mon corps qui a souvenir de la jouissance de la vieille. La chaleur se disperse en moi, je sens le bas de mon ventre s’animer. J’ai envie de lui. C’est profond, c’est instantané dès qu’il pose les yeux sur moi, je ne saurai l’expliquer, j’ai besoin de le toucher. Chacune de mes cellules brûlent d’envie en sa présence, je l’ai littéralement dans la peau. Déjà! Douces mais fougueuses, ses lèvres m’enflamment autant qu’elles me rassure. Je m’y perds, je m’y plonge, j’y resterais de longues minutes encore, mais les mots de Maxime me reviennent en tête : le droit chemin de la queue bandée…

Je prends un pas de recul et je retire ma culotte déjà tracée de mon envie. Je la dépose, bien en évidence, sur son bureau et je l’observe m’observer muet. Déstabilisé, il revient vers moi et pose sa main sur mon bras. Son regard est au fond du miens, je le sens fébrile, je peux presque sentir son pouls dans sa main. J’ai chaud. J’ai envie de lui. Je prends sa main et la dirige tout droit sous ma jupe. Il y laisse la main, les doigts sur ma fente envieuse sans même bouger.

(C) Alexine, je…

Pourquoi parler? Pourquoi prendre son temps, encore. J’aimerais qu’il se frotte, qu’il enfonce son doigt et qu’il le bouge en moi pour me sentir à lui. Je veux qu’il me touche, qu’il m’empoigne et qu’il me possède. Mais il demeure quasi immobile. Son parfum me fait grafigner, je suis trop impatiente et excitée pour patienter. Je le veux. J’ai besoin de le sentir à moi. Je me mets à bouger, remuant sur sa main, je contracte et fais tourner mon bassin. J’exhibe mon excitation et mon envie jusqu’à le sentir vaincu. Sa main se raidit, il laisse un doigt aller. Je ferme les yeux, pose ma tête dans son cou et je gémis mon soulagement. Son majeur tendu, il l’insère et le retire à répétitions, plus fort, plus vite, plus durement. Sa main gifle doucement mon clitoris sur chaque branlée. C’est bon, c’est vivant et je suis excitée. Je pense à sa queue qui va bientôt prendre place de son doigt. Je réalise que j’en oublie de toucher son corps. Tout juste comme il ajoute un deuxième doigt au premier, j’empoigne ses bosses sur son pantalon. Je joues avec ses couilles comme si elles m’étaient des balles de stress. Je les fais danser entre mes doigts au rythme de mes gémissements. Ses doigts me baise toujours et je plonge ma main sous le tissu pour sentir sa queue bandée. J’ai envie de la ressentir sur ma peau. La chaleur de son corps et sa verge bien raide sous ma main accentue mon désir.

(A) Tu me baises maintenant? Ma fente a besoin de toi. Pénètre-moi!

Il se libère de son pantalon et remonte ma jupe noir à ma taille. Les mains contre le mur, j’ai le cul exposé et la chatte qui pleure son envie d’être défoncée. Je veux être baisé. Je veux jouir. Son bassin chaud contre mon fesses cambrées, je l’attends. Il se frotte à moi en empoignant mes seins inaccessibles. Je les libère de leur soutien et il les partage à sa main gauche alors que la droite retourne à ma fente détrempée. L’excitation ne cesse de monter en moi. J’ai le goût de lui hurler Baises-moi! Je grafigne l’attente et me laisse enfoncer ses doigts jusqu’à en sentir une vague naître. J’ondule sur sa main et la tapisse de ma mouille. Trop centrée sur moi pour noté son érection disparue, je suis près de l’orgasme, quand il me retire ses doigts, reprenant avec lui mon plaisir. J’ai tout à coup l’impression d’être vide et désespérée.

(C) Bébé, excuse-moi, ça ne va pas le faire. Je… On arrête ici.

(A) Quoi? Ben voyons Charles.

(C) J’ai un conflit de valeurs. Je ne veux pas vivre ça, ce n’est pas moi.

(A) Tu veux qu’on arrête?

Le trou laissé par l’excitation qu’il m’a repris avant concrétisation se remplit d’un coup de colère.

(C) Je suis désolé, je ne voulais pas te causer d’émotions.

(A) Me niaises-tu?

Je m’éloigne de lui et sens l’explosion de sensation en dedans. Je ne sais pas quoi dire, j’ai simplement envie de lui hurler dessus. Je me sens bête, à demie nue dans son bureau à me faire rejeter.

(A) Mais pourquoi tu me déshabille avant de le dire! Tu étais ok hier…

(C) Mais, j’avais bu.

(A) Wow.

Je rattrape mes vêtements et les enfile rapidement. La rage se pointe en dedans. Je n’y comprends rien. Qu’est-ce qui s’est passé, voyons? 

(C) Restons-en là, veux-tu?

J’attrape ma culotte sur la table et sans réfléchir je sors de son bureau, le sous-vêtement en main. Sa porte grande ouverte, lui, à demi-nu les bras pendants.


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