Perles

16 h 50, qu’est-ce que je fais? Je ne peux pas aller m’asseoir seule au comptoir pour vrai. Quoique peut-être que la grande brunette travaille. J’attrape mon téléphone, j’ouvre l’application Messages et je défile la liste des conversations comme une collection. Une trentaine d’hommes à surnoms, parce qu’il ne méritait pas de prénoms. Évidemment, je m’arrête sur « Ne pas lui répondre 🙅🏻‍♀️ Même saoule. Même mouillée » aka Charles. Il ne m’a pas réécrit depuis la fois du sperme dans le bol. Je ne sais pas ce qu’il en a fait d’ailleurs.

Je remets mes souliers à mes pieds et j’attrape mon sac dans l’idée de quitter le bureau. L’envie de vie dans le corps, j’échappe une parcelle d’intelligence et je me dirige vers le bureau de Charles. Il n’y est pas, mais sa porte est toujours ouverte. Je me retourne et je le vois marcher vers moi. Shit, c’était une mauvaise idée.

(Charles) Miss Quinn, que faites-vous ici?

(Alexine) Je venais te demander si tu voulais aller prendre un verre, mais comme tu es absent je vais laisser tomber.

(C) Je pensais que tu sortais avec Gaëlle les mardis.

(A) Absolument, mais pas ce soir. Les filles ont annulé. Veux-tu être mon bouche-trou?

(C) Et si on allait souper plutôt. Ophelia ça te dit?

Je reste muette. Ses petits yeux me transpercent comme chaque fois que je le laisse s’approcher de moi.

(C) Je suis chez toi à 19 h.

(A) Ok.

Je souris et m’éloigne aussitôt. En marchant vers la maison avec la chaleur qui colle au corps, la sonnerie de mon cellulaire interrompt LP dans mes oreilles. Je vois sur l’écran la pastille bleue et le nom de Jessika apparaître : « Une surprise t’attend à la maison ».  Je pousse la porte et la petite boîte est à mes pieds. J’ai le collier parfait, maintenant je l’habille avec quoi…

J’ai laissé la porte du balcon ouverte toute la journée, une fois de plus. À l’intérieur il fait plus chaud encore qu’à l’extérieur. L’eau de ma douche est froide et fait du bien sur ma peau. Mes mamelons se resserrent et durcissent sous le liquide glacé. Je regarde l’eau perler et accentuer ma chair de poule, puis rouler sur la courbe de mes seins. Je les trouve beaux ainsi, mes mamelons ont l’air petits, plus qu’ils ne sont, et les bouts sont piqués et droits par le froid.

J’enfile une robe, marine, classique et plus chic que ce que j’ai l’habitude de porter, mais elle me colle parfaitement à la peau comme à l’âme. Elle serpente mes courbes et dessine mes hanches pour y donner envie d’y poser les mains. Les perles de mon collier dictaient le choix de cette robe. Je place mes cheveux et les idées se bousculent dans ma tête. Pourquoi je suis là, pourquoi je lui ai proposé ça? Encore des heures à jaser au lieu de baiser. Pourquoi je l’ai invité? Pourquoi je le date au lieu de l’enfiler? Et pourquoi je veux l’enfiler dont déjà? Il m’a refusé, il m’a dit non, il m’a rejeté et il va le faire encore. Il va annuler, c’est évident. Et puis moi, je viens de m’arranger pour un homme qui m’a rejeté, alors que des queues prêtes à se faire crosser j’en ai plein les mains.

Malgré que j’ai envie de tout annuler, je trace mes lèvres d’un rouge framboise invitant, sachant qu’il y fixera ses yeux avec envie d’y poser la langue. Un monde et son contraire.

Il est 19 h, précisément, il cogne à la porte. Ce n’est pas le genre de gars qui texte pour dire je suis arrivé. Fuck, mais quelle mauvaise idée… Et là, j’ai quatre secondes pour me réaligner et avoir l’air au-dessus de ça avant de le voir. J’ouvre la porte, son sourire me brise d’un coup. Il porte un jeans bleu et un t-shirt blanc ouvert au cou sous son veston ajusté, il est beaucoup sexy.

Je monte dans sa voiture. Il a remis exactement la musique qu’on écoutait le lendemain de notre soirée ensemble. Je fais semblant de ne pas le remarquer. Il y a son parfum ambré qui touche directement mon âme, encore. En dedans c’est chatouillant, frissonnant, déjà excitant. Je suis faible, il me rend idiote et soumise, coup sur coup.

La soirée avance, on rit, on mange et on boit. Il me complimente sur ma tenue et sur le rouge à lèvres que j’ai fais exprès de porter pour lui. En fait, je ne l’ai pas fait pour lui faire plaisir, mais plutôt pour m’immiscer lentement dans son esprit et toucher son imaginaire. La soirée est agréable, tout est parfait, mais je ne te raconterai pas le détail, parce que c’est quétainement insignifiant.

Il se stationne devant chez moi. Je ne sais pas comment agir. Je ne sais pas ce que les gens font après une date. Je l’embrasse et je lui dis bye? Je lui invente une défaite pour l’inviter à monter? Je lui dis clairement que je veux baiser. Ils font comment les gens?

(C) J’ai eu un beau moment comme bouche-trou.

(A) Eh, je…  désolé pour ce commentaire-là, c’était probablement déplacé.

(C) Je me permets de te demander, aurais tu envie de poursuivre la soirée un peu?

Avant même que j’aie le temps de répondre, il poursuit :

(C) Je sais que tu n’as pas apprécié la dernière fois dans mon bureau. Mais il y a quelque chose qui m’attire inévitablement en toi, même si j’essaie de te fuir. Tu as une énergie pas comme les autres. Je ne sais pas quoi, tu es un mystère.

Il parle comme s’il avait besoin de me convaincre, alors qu’il a ma peau. Il y est bien incrusté contre ma volonté. Mais aussi exaltant que le désir brûlant puisse être, je sais qu’avoir quelqu’un dans la peau induit plus souvent une dépendance et une soumission au désir de l’autre que quelque chose de sain. Mais je m’en balance. Penser avec ma tête quand mon corps pleure d’envie est tout simplement impossible. Ses mots et la soirée effacent naïvement tout mon ressentiment.

(A) À une seule condition : tu me laisses enlever les souliers et la robe dès que je pose le pied chez moi.

(C) Deal.

Il me suit à l’intérieur. Je lui offre un verre et me rends à ma chambre. Je lance les souliers dans un coin et je tortille pour défaire le haut de ma robe. Il s’approche de moi et dégager mes cheveux sur une seule épaule. Oh mon dieu, mais quelle quétainerie. Il va détacher ma robe, m’embrasser dans le cou et me déshabiller sensuellement. Non, non, non… Comment puis-je passer de me faire défoncer jusqu’à n’en plus marcher sur une table de cuisine à ça !

Il ouvre ma robe et fait exactement ce que j’avais prévu. Je n’ai que ma minuscule culotte de dentelle blanche et le collier de perles pour me couvrir. J’ai l’air pure, douce et inoffensive. Dans ma tête les idées se bousculent, je veux sortir de ce film américain et le ramener sur la course à la sensation plutôt qu’à l’émotion. Je me retourne, exposant mes petits seins aiguillés. Ces yeux fixent les miens, ils ne descendent pas jusqu’à ma poitrine. Être lui, j’y aurais plongé le visage comme les mains. Je maintiens son regard et le déleste de son veston. Il passe son t-shirt blanc et le lance sur le lit. Sexy! Sur cet instant, il vient de me foutre le feu en dedans. Plus besoin de penser, mon instinct sait exactement comment jouer et je lui cède toute la place.

Je retire les perles de mon cou et les glissent autour du sien pour l’attirer à moi. Je pose ma bouche pulpeuse sur la sienne et j’aspire sa respiration qui bloque instantanément, mais je ne l’embrasse pas. Je le fais tourner et le pousse sur le lit. Ses yeux se posent enfin sur mes seins. J’avance sur lui à genoux comme une lionne et je frôle mes seins excités à son visage. Ses quelques poils égratignent tout juste assez ma peau pour me donner envie de forcer un mamelon à sa bouche. Sa langue le couvre aussi vite. Je fais danser mon buste sur son visage avant de lui reprendre les perles du cou et les frapper sur sa peau en un petit claquement. J’en vois son torse se bomber et sa respiration partir du fond de son être. Je descends un peu mon visage, j’embrasse et je lèche le bas de bas son ventre. Son parfum pénètre chaque parcelle de mon existence.

Je fais glisser son jeans au sol. Aussitôt, mes yeux fixent la bosse sous son boxer moulant. Sans bouger, il attend là, dans mon lit, docilement et tendu. Je m’avance à nouveau et porte ma bouche au tissu. Je mords des lèvres sa queue en l’embrassant sur le vêtement. Je ne peux m’empêcher d’y prendre une respiration, pleine d’envie.

Je me retire et ouvre le tiroir de la commode pour y attraper une huile à massage douce. J’en couvre son torse et la frictionne pour l’étendre sur sa peau. Puis je grimpe en cavalière sur lui et ma culotte se colle à son boxer. Je reste d’abord immobile à l’observer, avant d’enrouler le collier sur la paume de ma main et de le passer sur son torse huilé. Il porte son regard sur mon geste. Il sourit l’air d’acquiescer. Il pose la tête sur l’oreiller et ferme les yeux. Voilà le signe de passation de pouvoir que j’attendais. Je prends soin de bouger par de minuscules, mais précis mouvements ma chatte culottée sur sa verge tendue. Ma main glisse sur sa peau attentive et mon bassin serpente sur son corps. Je suis excitée. J’adore avoir l’impression de posséder l’excitation d’un homme.

J’enlève le boxer tracé par la moiteur de ma fente sous la dentelle. Sa queue rebondit, bien droite. Je reprends l’huile et asperge son sexe avant d’y enrouler le rang de perles. Je le fais glisser de haut en bas, de gauche à droite, doucement et sans exercer trop de pression.  Rapidement je le vois s’agiter. Silencieux, je ne sais pas si mon initiative plait ou déplait.

(C) C’est bon Alexe!
Approche-toi de moi. Viens près de moi, s’il te plait.

Il me supplie, mais je n’ai aucune envie de me coller à lui. À genoux, je me retourne et lui présente mon cul en exagérant la courbe de mes reins. Il dégage le tissu et glisse sans peine deux doigts dans ma fente. Il bouge cette main alors que je continue de branler sa queue perlée. Il gémit et bien vite, nos râles tombent en harmonie. Quelques minutes s’écoulent ainsi.

(C) Est-ce que tu me permets d’essayer quelque chose à mon tour?

Je ne dis pas un mot. À ce point, ils ne sont pas nécessaires. Je relâche sa verge et me couche à ses côtés. Il reprend le collier et fonce entre mes cuisses. Il y retire ma culotte et envahit ma chatte de sa langue. Je me laisse porter par sa bouche et je glisse mes deux mains sous mes fesses pour mieux positionner mon bassin. Sa bouche toujours sur mon clitoris, il insère en moi une partie du collier, perle à perle. Je me crispe un peu, non pas par inconfort, mais plutôt par surprise. Sa bouche est si bonne sur moi.

(A) C’est tellement bien ça. Tu es bon avec ta bouche…

Mes mots l’encouragent et il s’applique encore davantage, faisant tourner sa langue exactement comme mon corps en prend envie. Je gémis de plus en plus. Mon excitation grimpe et grimpe, je sens en venir la pointe de ma montée et j’ai envie de me laisser aller à sa bouche. Je gémis et gémis encore davantage, je n’ai jamais été douée dans le silence sexuel. Sous l’indice de mes râles, il sent mon orgasme approché. Il reprend le bout de collier dépassant de mon corps et se met à tirer lentement. Sa langue frotte mon clitoris et les perles stimulent intérieurement chaque parcelle de mon vagin jusqu’à la sortie. Lorsque la dernière perle glisse hors moi. Il passe le collier à sa bouche pour profiter de ma mouille un peu plus. Puis, il enfonce deux doigts en moi et pose sa main restante sur le bas de mon ventre.

Je n’en peux plus, je ne peux plus me contrôler et je répands mon orgasme mouillé sur sa main et sur sa barbe parfaitement taillée.

 

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