Une femme est allongée sur le dos sur un parquet baigné d'une douce lumière naturelle, vêtue de lingerie. Sa pose calme et intime laisse deviner l'attrait secret d'un fantasme d'homme marié, les yeux clos comme perdus dans une rêverie tentante.

J’ai couché avec ton homme et je savais qu’il était marié.

Elle m’a demandé :

«  Si tu savais qu’il était avec moi, marié, enfants… Alors, pourquoi ? Tu savais et tu l’as baisé pareil !!! Dis-moi, pourquoi? »


J’aurais préféré lui répondre la pleine vérité, radicale et non censurée. Mais j’ai juste dit  :
« C’est avec lui que tu devrais parler. Moi, je ne te connais même pas… Je ne suis pas la bonne personne pour tes questions. »


Valait mieux me taire que de lui donner l’absolue vérité, valait mieux diluer la responsabilité que de la couper encore plus profondément avec le couteau qu’elle se sentait déjà avoir en pleine colonne. L’aveu de rien de meilleur qu’une aléatoire fatalité, comme de l’alcool versé sur la chair à vif de sa plaie de toute évidence béante.

C’était pas le gars comme tel dont j’avais envie. Bon, aussi, un peu oui… Mais en même temps, juste un gars, ça n’a jamais été assez pour initier une enfilée.

Ce qui me fait détremper et perdre le sens de la pseudo moralité, c’est le territoire. Je ne parle pas de celui à conquérir ou même voler, mais du territoire qui s’ouvre dans l’obscur du trop clair. L’espace érotique unique qui n’existe nulle part ailleurs que dans l’ombre d’un mariage lumineux.

Un espace qui retient plein de tension, de désirs réprimés et d’existence ravalée, un espace qui contient le grand vide que le présumé bonheur ne permet pas en lui… vide que j’ai plaisir à remplir de mon miel.

Alors oui, je savais qu’il était marié et je l’ai quand même baisé.

L’érotisme naît de la suggestion, pas de l’amour

On aime croire que l’amour est le véritable activateur du désir passionné, l’insondable gouffre qui peut te faire tomber. Peut-être parce que l’amour est le seul état irrationnel que tout le monde est prêt à accepter. Tu sais, ce qu’on dit…

  • Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas.
  • Nul ne peut empêcher un cœur d’aimer.
  • On ne lutte pas contre un cœur qui bat.
  • On ne choisit pas toujours de qui on tombe amoureux.

Ce serait sans doute plus facile à accepter si je disais :
que je suis désolée, que je suis follement tombée amoureuse et que le battement était plus grand que moi, que nous, qu’on a lâchement cédé. 

Mais non.
J’ai choisi.
Et lui aussi.

On ne pénètre pas l’infidélité d’un mariage par amour, pas plus qu’on le fait par accident.

Mais pour explorer la suggestion d’un vivant.

On le fait pour découvrir, ou se rappeler, ce qui se charrie silencieusement dans le sang quand il pulse pour vrai en dedans.

…pour toucher la vérité d’un espace où l’on peut tout ressentir et partager sans devoir se déposséder.

On le fait par instinct de survie, parce que le vivant, sinon, meurt lentement sous les serments.

L’érotisme naît dans le jeu de la possibilité, dans la suggestion d’un territoire inconnu en soi à explorer. Jamais dans l’amour. L’amour, lui, encore plus s’il est marié et engagé, demande des preuves, des serments, des prisons…

L’érotisme ne peut qu’offrir. Il ouvre l’espace juste assez pour que tu y mettes tes démons et tes fantasmes, dans un même intervalle, et que tu les regardes se dévorer l’un l’autre. 

Tu m’as demandé

Pourquoi j’ai couché avec un homme marié

J’aurais préféré te dire la pleine vérité, radicale et non censurée.
Préféré te dire que…

Sa main a pris mes cheveux comme si elle me tenait en laisse. Sans résister, ma tête s’est culbutée, ma gorge s’est bandée et l’air a oublié de me circuler. Ma chatte a fondu, elle s’est mise à pleurer, mouillée trempe, d’envie de le sentir me visiter. Son bassin m’a ordonné un « viens ici » silencieux. Je l’ai monté, encore habillée, hanche sur hanche, sexe contre sexe, tout de lui pulsait de vie. 

J’avais accès à ce qui se cache derrière l’illusion de la réalité, au-delà de la mort du contrôlé, dans la fente de ce qu’il croit être la limite de sa totalité. Sa queue frustrée dans le denim tiré savait qu’il venait de se traverser lui-même, qu’enfin, il lâchait prise sur l’animal. Son souffle s’est déchiré. Il était prêt à être vidé de ses faux semblants. J’avais soif d’avaler tout ce qu’il laisserait aller.

Ma colonne s’est érigée, l’angle de mon bassin s’est ajusté de lui-même. J’étais largement excitée; inavouablement en train de prier pour que nos vêtements soient dissous par un gémissement. Sa main libre a écarté ma fesse à travers le legging pour la plaquer sur son jeans bandé.

Les cheveux en laisse, la chatte ouverte sans être déshabillée et lui désarçonné, je me suis sentie incassable. Excitée comme une salope dans la lumière crue du péché. Nul besoin de me protéger sur ce territoire-là, je voulais sentir son corps gorgé de suggestions jaillir au fond du mien.

L’un comme l’autre, on allait traverser la petite mort.
Et ça, c’est ma frontière préférée. 


J’aurais préféré te dire tout ça, parce qu’au fond…
je pense que comme vivante,
tu aurais pu comprendre.


Comprendre que je n’ai pas eu envie de tomber dans l’irrationnel précipice qui te crève de conditions. Que j’ai eu la rage de jouer au-delà de mes frontières pour me sentir vaste et entière dans un vide qui ne demandait qu’à être habité.

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