Mes lèvres sont si près des siennes que je pourrais l’embrasser, si près que je ressens la tension de son envie vibrer dans sa respiration, si près que je perçois la pulsation de son sang dans son torse, si près que je suis essoufflée par l’anticipation, si près que l’envolée de sensations au bas de mon ventre pourrait me faire croire à des papillons si j’étais dotée d’une pointe supplémentaire de naïveté.
Sa bouche est entrouverte et j’ai envie d’y déposer la mienne enflammée, mais je m’y retiens préférant allonger les secondes et posséder son présent. Je porte le bout de mes doigts sur sa clavicule et l’effleure à peine en serpentant sa peau attentive. Son souffle se creuse. Je ferme mes yeux et m’approche tout juste un peu. Ma lèvre du bas touche les siennes. Elle rebondit doucement sur le contact. Il ne bouge pas, n’avance pas, ne recule pas. Fixé, il est là, dans l’attente de moi. Ma main remonte à sa mâchoire et je retourne délicatement à sa bouche entrebâillée. Ses poils accrochent la douceur de ma paume. Mes doigts s’arrêtent à sa nuque et remontent à la racine de ses cheveux courts. Mes lèvres s’attendrissent au contact des siennes. L’instant s’étire, fixant le temps comme s’il durait plus longtemps.
Rares sont ceux que je considère doués pour m’embrasser. Majoritairement, ils ne savent que faire d’autant de lèvres. Habitués de se contenter d’une faible moitié, ils sont trop excités pour prendre le temps d’habiter ma bouche à sa valeur. Lui, il me laisse le jouer à ma façon, suivant les mouvements de ma langue avec la sienne, sans pour autant en être passif. En dedans, c’est vivant, c’est frissonnant, c’est vibrant. Je ne peux que m’imaginer l’ondulation que prendraient nos deux bassins noués. Mon corps pétille silencieusement. Lui, il est calme. Ses mouvements lents sont aussi assurés qu’hypnotisant. Ses mains glissent sur mes épaules pour dégager nos visages de mes cheveux colorés qui ne cessent de s’agripper aux poils de sa barbe, renforçant l’idée que nos deux corps ne seront assez près que lorsqu’ils seront imbriqués.
Fidèle à moi, j’ai envie de le sentir en moi. Mais je ne veux pas y perdre le contrôle, pas cette fois. Ici, cette nuit, j’ai besoin qu’il soit à moi. Je veux le sentir fondre comme un bonbon à mes lèvres. Je dirige ma bouche à son cou. Il suit mon rythme et sa tête se renverse pour dégager mes mouvements. Je fais rouler mes lèvres pulpeuses sur lui, goûtant chacune des écailles de sa peau jusqu’à rejoindre le lobe de son oreille. Je m’y attarde et il gémit. Je souris dans son cou, fière de l’emprise que je gagne lentement sur lui.
Déterminée à embrouiller ses sens, je survole le tissu de son corps de mes doigts, prenant soin de caresser chaque parcelle de sa peau nue exposée. Légèrement. Doucement. Je passe mes mains de son torse au bas de son ventre, poussant chaque fois un peu plus loin ma curiosité. Sans jamais lui en donner suffisamment, j’évite consciencieusement de toucher sa queue bandée logée sous les draps blancs immaculés. Mes mouvements le font trembler, littéralement. Je me complais de le sentir frissonner pour moi, comme si chaque tremblement de son corps confirmait le gain que je prends sur lui. Le coton de ma culotte noire se trace de mon excitation, je voudrais y plonger les doigts et la récolter. Mais je m’y résigne, déportant toute mon envie sur son plaisir que je m’amuse à voir grandir.
Les minutes avancent lentement. Sa peau devient un jouet entre mes mains. Je prends plaisir à le faire languir. Cherchant à lire ses limites, j’étire chacune de ses vibrations pour mieux l’habiter. Ma main effleure enfin son sexe. Il en oublie de respirer. Je prends appui sur le lit et m’élève à lui avant de redescendre en glissant mes lèvres charnues à son torse. Son souffle cassé m’encourage et je savoure chaque ondulation de sa peau. Toujours aussi pressée, je me meurs de le goûter, mais je continue de jouer sur le temps, comme si j’y étais avant tout pour le jeu et non que pour la valorisation de la finalité.
C’est le silence complet depuis le début, on ne peut qu’habiter le présent. Il n’y a que la musique derrière pour accompagner ses soupirs d’excitation. Mes longs cheveux rouges se cassent contre sa peau alors que je descends plus bas. J’embrasse son ventre et son bassin lentement, prenant soin de laisser ma joue effleurer son sexe. Je m’attarde candidement sur l’os de son bassin alors que ma main se perd à ses couilles. Je pose ma bouche sur sa queue en l’embrassant du bout des lèvres avant d’y remonter la langue avec envie. Sa main passe à mes cheveux pour les dégager de ma léchée. Puis je l’encercle une première fois. Son souffle s’entrecoupe. Je le glisse dans ma bouche attisée, prenant le temps de bien goûter cette première sensation.
Muet et dans un geste d’abandon qui me fait plaisir, il repose sa tête bien au fond de l’oreiller me capitulant son corps. Il est encore loin de la giclée de son orgasme et déjà je sais que je vais vivre dans ses pensées pour les jours à venir. Je n’ai jamais perdu de points en posant ma bouche sur un homme. Jamais. J’y ai toujours gagné le pouvoir, même quand je m’y suis agenouillée.
Il ne bouge pratiquement pas, mais sa respiration se fond bien vite au rythme de ma bouche. Si j’aime me nourrir de sa peau. J’y tire assurément autant de plaisir que lui. Mon corps entier est excité, si je n’écoutais que mes propres envies je serais déjà solidement assise sur lui. Mais j’ai choisi de jouer, alors je le glisse à moi comme s’il était un caramel que je suce, lèche et embrasse, délicatement, en étirant le temps pour m’assurer de tout goûter. Ma main vient rejoindre mes lèvres momentanément sur sa queue luisante de ma salive. Ce gars-là goûte délicieusement bon. Je ralentis que pour m’assurer de pouvoir le jouer plus longtemps, pour m’assurer de le gardant vacillant sur la ligne traçant la distance entre le plaisir et la jouissance sans pour autant le faire traverser, pas tout de suite du moins.
Je me demande ce qu’il pense de son côté, alors que ma langue excitée serpente ses couilles et que je le branle. Je le plonge à nouveau entre mes lèvres jusqu’à son fond. Puis, pour la première fois, il prend parole pour me dire exactement ce que j’aime entendre.
(Bonbon) Tu vas me faire jouir ma belle.
Sa main se pose sur ma tête comme pour appuyer les mots qu’il vient de prononcer. Contrairement à la masse de giclées que j’ai avalées avant, lui, il ne m’y provoque pas pour rassurer sa masculinité en possédant brusquement la finalité. Sa main est douce et il me laisse faire ce que je veux de lui, entièrement et complètement. Je le possède en entier. Tout à moi. Je ne sais pas s’il peut ressentir mes lèvres fières sourire autour de sa queue, mais elles le font. Puis, ma main suit le rythme de ma bouche qui l’enfonce entre mes lèvres à répétitions, jusqu’à ce que son corps me laisse aller ce que j’ai mérité.
Tout juste avant que la première pulsation de son orgasme me donne enfin la gorgée souhaitée, il se remet à frissonner. Cette fois plus intensément et me concède la vibration de tous les atomes de son corps tremblant. Je l’ai gagné, en entier, et j’avale sa lente et longue giclée de plaisir qui descend délicieusement au fond de ma gorge avant de finir sur cet écran… y marquant à jamais ma possession.
2 commentaires
Alexine, ce texte démontre une maitrise de la progression du désir érotique comme je le lis et le perçois rarement. Tu apportes une description par ta plume, tes mots, tes images qui éveillent les désirs et les sensations uniques. Oui, tu es vraiment l’artiste de l’imaginaire, tu nous ouvres les portes et c’est à nous de compléter par nos pas et nos gestes ce que tu nous offres.
Alexine, tu es à la fois un cadeau offert et une déesse qui nous offre des images.
Délicieuse description. J’y trouve une façon de faire qui m’était étrangère jusqu’à maintenant et je vais y remédier car le plaisir de donner est au moins autant aussi grand que celui que l’on prend.
Les images et la poésie me donnent envie de relire.
Merci de me faire découvrir une plume magique.
Gagnée.