Salope

Avant personne ne savait pas qui j’étais. Avant, j’étais qui je voulais et je possédais mon silence. Aujourd’hui, chacun d’entre eux est transformé en attente. Avant, personne ne m’aimait, mais personne ne me détestait et personne ne m’idolâtrait. Je n’étais rien de plus que ce que je suis. Je me possédais au complet. Maintenant, je suis un peu à vous, un peu à moi et un peu à elle aussi. Je suis devenue plus grande que ce que je suis, une marque, un produit… Je suis devenue une bouche invitante, une voix excitante, de longues jambes dénudées et un cul qu’on rêve de claquer. Je suis devenue plus douce que la réalité, plus inspirante que ce dont je suis digne et plus désirée que méritée.

La vérité, malgré ce que vous en pensez, c’est que je ne suis qu’une salope. Je suis la naïve écervelée qui s’enfile une bouteille de rhum pour plaire, la maladive obsédée qui se fait un porno de tous les inconnus croisés sur la rue, celle qui se met égoïstement à genoux pour se satisfaire soi-même sans considération pour le propriétaire de la queue qu’elle s’enfonce et celle qui manipule allègrement la réalité pour s’avaler une gorgée d’homme marié. Au-delà de ce que vous pouvez penser de ma grande liberté de femme délurée, je suis et ne resterai qu’une salope sans ligne morale, refroidie et noircie par la vie.

Lue, observée et analysée, je suis désormais attendue et espérée. On veut de moi beaucoup, comme si j’avais la hauteur pour convenir aux attentes. Mais je ne peux d’un même souffle satisfaire les volontés et exister égoïstement pour ce que je suis. Alors, je sais que bientôt vous me détesterez aussi violemment que vous m’avez aimée, créant en moi autant d’envie que de souffrance, me laissant à mon tour pendue à l’attente.

Mais même sachant tout cela, ça ne suffit pas à m’empêcher d’être là.

Sa peau est claire et douce. Sans surprise elle est habillée d’une lingerie féminine et vaporeuse qui s’agence facilement aux perles de ses oreilles. Elle s’est couverte d’un peignoir de satin pour éviter d’être surexposée. Ses cheveux châtains sont lâchés et légèrement bouclés. Elle a mis ses yeux en valeur avec un peu de maquillage. Un peu, tout juste un peu, et évidemment sur ses yeux plutôt que sur ses lèvres parce que c’est ce qu’elles font les filles ordinaires :  elles essaient de se démarquer sans jamais oser exister. Alors, je sais déjà qu’elle s’effacera de ses yeux amoureux à mon profit.

J’ai remonté mes cheveux colorés et les ai solidement attachés en queue de cheval. Je sais déjà qu’il les agrippera pour mieux me maîtriser quand viendra le temps de m’enfiler. J’ai noirci mes yeux, allongé mes cils et couvert mes lèvres pulpeuses d’un rouge qui ne pourra jamais quitter ses pensées. De nuit comme de jour, il sera hanté par leur souvenir, alors que sa femme continuera timidement de ne maquiller que ses yeux et de ne friser que le bout de ses cheveux, lui, il repensera au scandale de mes lèvres sur sa peau. 

Malgré l’excitation que devrait habiter la situation, ce n’est pas une énergie sexuelle qui émane d’elle, elle ne dégage que la crainte, celle de ne pas être à la hauteur, celle de ne pas être adéquate, celle de ne pas être suffisante. Et c’est tristement ce qu’elle est à ses yeux. Alors qu’elle pourrait être bien plus si elle osait simplement prendre avantage sur lui pour une fois. 

(Alexine) Tu as l’air nerveuse Jade.

(Jade) Je le suis. Je veux dire, je suis à l’aise avec toi et contente que ça se fasse avec toi, plutôt qu’avec n’importe qui, mais je suis intimidée.

(A) Je sais. C’est normal. Ça va aller.
Vas nous chercher à boire veux-tu?

Elle se lève et se rend à la cuisine, me laissant seule dans le petit salon adjacent l’entrée, le corps à demi nu et rehaussé de dentelle noire. Je ne peux m’empêcher de regarder autour en m’imaginant comment il réagira. J’entends la porte d’entrée s’ouvrir et mon coeur s’emballe. Je ne veux pas qu’il me voie avant elle. La surprise prendrait un tout autre sens. Heureusement, elle le rejoint devant la porte avant même qu’il n’ait le temps de me voir.  Elle lui retire ses clés en l’embrassant. 

(Mari) Wow, c’est pour moi la lingerie?

(J) Non, pour une amie.

Elle le fait passer devant moi en lui cachant la vue d’où je suis assise et le dirige vers la salle de bain au fond du corridor.

(J) Lave-toi et rejoins-moi dans la chambre ensuite.

Elle revient vers moi avec une bouteille de Kraken.

(J) C’est tout ce que j’ai comme rhum. Trop fort?

(A) C’est parfait. 

J’en prends deux verres rapidement. Elle goûte à peine le sien, qui n’est absolument pas dans ses cordes. La pauvre, elle devrait au moins profiter de l’alcool pour noyer ses craintes. La douche cesse de couler. J’ai l’intérieur rongé par l’adrénaline. La chaleur de la peur frétille dans mon sang. Et voilà, je suis excitée. Nous sommes assises sur le pied du lit, frétillantes dans l’attente. Le plancher craque sous ses pas. Je ferme les yeux et prends une grande respiration que je fixe gonflée pour contrôler le pétillement en dedans. Sans me retourner vers lui qui vient de passer le pas de la porte, j’embrasse Jade qui est toute crispée. Ses lèvres tendues entre les miennes, je l’imagine lui complètement déboussolée : sa femme et la putain entremêlées à s’embrasser sur son lit. 

Je passe mes mains dans ses cheveux parfaits les défaisant du même coup. Elle est un peu plus détendue. J’éloigne mes lèvres rouges des siennes et je lui chuchote : 

(A) Tu es ok?

(J) Oui, continue.

Je la couche sur le lit derrière nous et elle s’y remonte un peu pour allonger tout son corps. Je m’assois sur l’une de ses jambes et je défais le noeud de son peignoir. Je me retourne vers son mari qui est toujours là debout dans l’attente d’indication ou d’invitation. Il est nu et de toute évidence, son corps est inspiré par la situation. Je regarde ses yeux déstabilisés et je lui souris.

(A) Viens.

Il s’approche aussitôt à ma demande, comme si la maîtresse était consacrée reine du jeu. L’ironie m’excite. Je pose ma bouche sur le cou de Jade. Elle me laisse l’embrasser et passe sa main dans mes cheveux. Je descends vers ses seins et son mari m’y rejoint un instant avant d’approcher sa bouche de mon oreille.

(M) Tu m’excites.

Cinq minutes seulement et déjà toute son attention est portée sur moi, alors que c’est sa femme qui lui offre naïvement ce cadeau. Moi, je ne suis que la salope. Je force un rire timide pour encourager son ego, avant de poursuivre mes caresses sur Jade et de la déshabiller doucement. Il ne la touche pratiquement pas. Au contraire, il est plutôt observateur. J’écarte ses longues jambes pour m’offrir sa fente. J’y passe la langue pour la goûter d’abord. Au même titre que la première pénétration, la première goûtée me donne le frisson dans tout le corps et j’aime prendre le temps de savourer. Je suis penchée sur elle, le cul en l’air et encore couvert de ma lingerie. Jade gémit sous ma langue et son mari va rejoindre ses seins.

(J) Déshabille-là.

Il se rend donc derrière moi pendant que je continue de jouer de ma langue. Je sens ses mains passer sur ma peau. Mon excitation grimpe d’un cran. J’adore le sexe collectif, surtout avec un couple amoureux. Ce moment de partage tout simple et pur m’a toujours donné chaud en dedans. Quoique cette fois, la chaleur vient sans doute de ma conscience qui me prédit l’enfer. Ma culotte prend le sol et il glisse un doigt contre ma fente littéralement détrempée. Je gémis, le visage plongé dans Jade qui gémit tout autant de ressentir mon excitation. Il retourne sa main et glisse un second doigt. Sa paume reprend mon cul sur chaque entrée. Je glisse deux doigts dans sa fente et je pose mon avant-bras sur le bas de son ventre pour l’empêcher de fuir ses sensations. Tout son corps me fait savoir qu’elle est tout près d’un premier orgasme. Mais je ne veux pas être celle qui le lui donnera. Je me retire et embrasse le mari.

(A) Est-ce que tu peux la goûter sur moi?

(M) Pas assez. 

Je ne sais pas si sa réponse entend la vérité ou si elle sous-entend qu’il veut m’embrasser plus longtemps, mais je le pousse à aller terminer mon cunnilingus de sa langue d’homme. Je grimpe sur Jade et m’assois à califourchon sur son visage. Je pose mes mains sur seins et j’observe son mari la manger pendant qu’elle fait maladroitement la même chose sur moi jusqu’à s’y perdre dans son orgasme.

Leurs bouches seront assurément insuffisantes sur mon corps et j’aimerais pouvoir le sentir se glisser en moi. J’ai le souvenir excitant du spa et des coups francs qu’il donnait à Jade en tête. Sachant qu’elle ne souhaitait pas le voir m’enfiler, je sais que ma seule façon de gagner son sperme sera de me prendre la dernière gorgée. Alors je le fais asseoir sur le bord du lit et j’attrape la main de Jade et la dirige nu cul devant son homme. Je vois ses mains passer de ses fesses à ses hanches. Je l’embrasse avant de lui demander de s’asseoir sur lui, ce qu’elle fit. Ses mains s’agrippent à sa peau et elle rebondit sur lui. Elle se lamente sur chaque bardée. 

J’attrape mon sac et j’en ressors une verge de caoutchouc que je claque au sol sur le plancher devant eux. Je m’y assois face eux avec enfin la sensation de pouvoir gagner mon orgasme. J’ai les genoux au sol sur la céramique froide, la tête entre les cuisses de Jade, la langue sur ce que je peux attraper entre chaque poussée de queue de son mari et la chatte ouverte par mon jouet. J’y monte et y descends au même rythme qu’il la baise. Très vite ses plaintes se transforment en cris et elle jouit sur nous, le dos arqué, les seins pointés et pincés de ses propres mains.

Elle redescend et je me retire de mon jouet pour le recoller plus près de lui. Tous deux ne l’avaient pas encore vue. Le sourire qui trace le coin de ses lèvres m’excite. Je suis si près de lui que je ne laisse aucune place pour une seconde tête. Elle n’a d’autre choix que d’être spectatrice. Je relève les yeux vers lui et j’encercle sa queue bandée et mouillée de ma bouche rouge. Ce que je vois sur son visage me fait plaisir. Je le possède entièrement et elle ne peut qu’observer à distance. Elle est derrière lui et le colle par les épaules en observant son homme disparaître dans la bouche de l’une de ses meilleures amies. Je passe ma langue de sa hampe à sa queue en me pénétrant à répétition sur mon jouet. 

(M) Ah Alexine, je n’ai pas arrêté de penser à ta bouche depuis le chalet. 

Je suis excitée à un point que je peine à décrire. La scène est mentalement parfaite, sa queue me fait plaisir et je le sens près de la coulée, ce qui me fait frôler mon orgasme.

(M) Tu veux ta gorgée hein cette fois-là?

Il se tend davantage et, dans un spasme que j’adore, il déverse tout ce que j’ai gagné au fond de ma bouche. Sa coulée descend au fond de ma gorge et je me mets à mon tour à frissonner l’orgasme.

Je ne m’y attarde pas question d’éviter toutes questions inconfortables, espérant que Jade sera trop naïve pour y voir clair. Mon cellulaire se met à vibrer dans ma poche arrière. C’est un message de Jade.

Merci pour la soirée ma belle. Tu es la seule avec qui je suis suffisamment à l’aise pour faire ce genre de chose en toute confiance.   Je t’aime. xxx

Mais pourquoi personne n’accepte de croire que je ne suis qu’une garce?!

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